(Texte de l'image : Tu ne me quitteras pas... Hein, Raito-kun ?)
Musique d'ambiance : Clic !L'amour est un sentiment merveilleux, n'est ce pas ? On le dit plus fort que tout, capable de miracle... Mais on oublie trop souvent les ravages qu'il peut causer...
Elle se prénommait Saeko, jeune fille de 16 ans que la vie avait rendu si seule... Sa mère était morte dans un accident de voiture, et son père qu'elle aimait tant s'était remarié il y a peu avec une femme des plus cupides. Alors, quand dans son désespoir, elle aperçut la lumière de son sourire, il ne fait aucun doute qu'elle en tomba éperdument amoureuse. Il portait le nom de Raito et avait visiblement hérité des traits les plus doux dont on puisse rêver. Son sourire semblait appartenir aux anges eux-même, ses yeux portaient la couleur bleue des océans les plus profonds et son cœur était dotée d'une bonté à toute épreuve. De cet amour, Saeko trouva le courage de sourire à nouveau, de s'ouvrir aux autres... Tout ça, grâce à lui. Et bien évidement, les cheveux de jais de l'adolescente ainsi que ses prunelles semblables à des rubis ne laissèrent pas le jeune homme indifférent. Et bientôt, ils devinrent tous deux inséparables... La jeune fille passait régulièrement chez Raito, elle s'était même plutôt bien intégrée à la famille de ce dernier... Mais un soir, tout bascula...
Comme à leur habitude, le petit couple rentrait paisiblement du lycée, empruntant les même sentiers fleuris qui plaisaient tant à Saeko. Pourtant, quelque chose était différent... L'habituelle bonne humeur de la belle aux cheveux de jais semblait avoir disparu. Elle marchait en silence à côté de celui qu'elle aimait, affichant une inexplicable tristesse sur son visage. Après quelques instants d'un pesant silence, elle se risqua à poser la question qui la torturait :
"Dis, Raito... Tu ne me quitteras jamais, n'est ce pas..?"
Elle fixait le jeune homme droit dans les yeux tandis que ce dernier, surpris, tentait de fuir ce regard qui, étrangement, l'oppressait. Enfin, après une brève hésitation, il afficha un large sourire et répondit d'une voix des plus douces :
"Evidemment. Comment pourrais-je m'éloigner de toi ?"
Se rapprochant de lui, elle répliqua aussitôt.
"Tu n'essaierais pas de mentir à ses yeux que tu dis tant aimer..?
- N-Non... Bien sur que non !" s'exclama-t-il, pris au dépourvu.
L'espace d'un instant, Raito crut distinguer une lueur de rage dans les yeux de sa belle. Mais très vite, cette dernière s'éloigna de lui et reprit son chemin en murmurant :
"De toutes façons, les menteurs finissent toujours par être punis... Tout comme ceux qui essaient de nous séparer..."
Ignorant ces dernières paroles, le jeune homme suivit la jeune fille à travers les chemins de plus en plus sombres qui menait chez lui. C'était une vieille bâtisse qui datait du siècle dernier, entourée par une épaisse forêt de chênes. Le couple, comme tous les soirs, entra, déposant ses chaussures à l'entrée. Cependant, contrairement aux autres soirées, cette fois-ci, la maison était vide et dans un désordre à peine croyable. Pris de panique, le jeune homme appela à plusieurs reprises sa mère, sans obtenir la moindre réponse.
"Ne t'inquiète pas, Raito-kun. Elle a dû sortir. le rassura Saeko, complètement inexpressive. Je vais préparer le dîner, d'accord ?"
Peu rassuré, le jeune homme aux yeux bleus acquiesça et commença à mettre un peu d'ordre dans le salon. De son côté, l'adolescente sortit de son sac un tupperware, comme si elle savait déjà qu'elle aurait à préparer le repas de ce soir. Elle en sortit une viande qui semblait avoir été découpée rapidement, sans réel savoir-faire et la passa au four. Tandis qu'elle découpait divers légumes, Raito se proposa d'aller sortir les poubelles, chose qu'elle refusa catégoriquement sans lui offrir d'explication. Quelques minutes plus tard, Saeko servit son plat, un large sourire au visage. Ce dernier, bien qu'étant appétissant, dégageait une odeur inhabituelle qui aurait donné la nausée aux plus sensibles. Curieux, le garçon se pencha un peu sur le plat sans parvenir à distinguer quelle viande s'y trouvait. Tandis que cette question lui trottait dans la tête, la jeune fille s'éclipsa prétendant devoir sortir les poubelles.
Pourtant, les minutes s'écoulèrent et Raito ne voyait toujours pas l'adolescente revenir. Inquiet, il sortit de la maison avec pour seule lumière, celle de son portable. Faisant rapidement le tour de la bâtisse, le jeune homme tomba nez à nez avec ce qu'il redoutait : une large traînée de sang encore frais que se dirigeait au cœur de la forêt. Pris de panique, il suivit cette piste à toute jambe. Il ne savait à qui appartenait ce sang, et cela l'importait peu : sa gentillesse naturelle l'empêchait irrémédiablement de faire marche arrière. Rapidement, il déboucha sur une vaste clairière éclairée par la lumière glaciale de la pleine lune et, au centre de cette dernière, un trou béant avait été creusé. Lentement, Raito s'en approcha, la peur au ventre. Ses membres tremblaient et le moindre bruit, aussi lointain soit-il, lui donnait des frissons dans le dos. Lentement, il se pencha en avant et éclaira le fond avec son téléphone. Là, il y découvrit le corps sans vie et dénudé de sa mère dont les hématomes témoignaient d'une haine sans nom. Son ventre était recouvert de profondes entailles dans lesquels des vers avaient déjà commencé à se nicher. Sur ses cuisses, un épais bout de chair manquait, comme s'il avait été découpé au couteau et ses yeux n'étaient plus que des orbites creuses et vides. Enfin, aux côtés de la défunte, on distinguait ses tripes qui avaient coulé de ses plaies et qui servaient désormais de nourriture aux corbeaux. Devant ce spectacle macabre, Raito n'eut pas même le temps de hurler... La main ensanglantée de Saeko se plaqua sur sa bouche et la lame aiguisée de son hachoir trancha en un instant la tête du garçon. Aussitôt, elle rattrapa cette tête tranchée et la serra contre sa poitrine, tandis que le corps de son amant s'étalait à son tour dans la fosse, son sang se mêlant à celui de la mère de famille. Son regard fou se leva alors vers la lune pourpre qui brillait dans le ciel et elle se mit à fredonner une douce mélodie, comme pour accompagner celui qu'elle aimait à travers le sommeil éternel. Enfin, dans un rire sinistre, elle lâcha :
"Je te l'avais dit, Raito-kun... Les menteurs finissent toujours par être puni et ceux qui veulent nous séparer aussi... Mais tu sais, je vais te pardonner une dernière fois, et nous serons ensemble pour toujours... Toujours..."
Oui, l'amour est un sentiment merveilleux, n'est ce pas..?